Nr. 50/2011
Identification / Echanges rédactionnelles

(X. c. «Basler Zeitung en ligne»/«Berner Zeitung en ligne»/ «Thurgauer Zeitung en ligne» Prise de position du Conseil suisse de la presse du 23 novembre 20

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Zusammenfassung

Der Austausch von redaktionellen Inhalten im Rahmen von Medienkooperationen nimmt gerade auch im Online-Bereich nach wie vor zu. Der Presserat hat deshalb eine identische Beschwerde gegen mehrere Medien – drei Online-Medien übernahmen tel quel einen Artikel des «Tages-Anzeiger» – zum Anlass genommen, seine bisherige Praxis zu bestätigen.

Redaktionen sind für sämtliche Inhalte verantwortlich, die sie veröffentlichen. Dies gilt insbesondere auch für Berichte, die sie von anderen Medien übernehmen. Sie sollten diese Beiträge deshalb vor der Veröffentlichung prüfen. Es wäre allerdings unverhältnismässig, von den übernehmenden Redaktionen zu verlangen, externe Beiträge selber nachzurecherchieren. Der Presserat folgert daraus, dass sich die Prüfungspflicht auf offensichtliche Verletzungen der «Erklärung der Pflichten und Rechte der Journalistinnen und Journalisten» beschränkt. Dies gilt allerdings nur dann, wenn das übernehmende Medium seinem Publikum offenlegt, wer den Bericht ursprünglich verantwortet.

Im konkreten Fall hat der «Tages-Anzeiger» mit der Publikation des Originalartikels die Ziffer 7 der «Erklärung» verletzt, weil er den Namen eines als «einen der weltweit grössten Spammer» bezeichneten Schweizers nannte, obwohl es genügt hätte, bloss dessen Firma zu nennen (vgl. die Stellungnahme 5/2011). Diese Verletzung der «Erklärung» war für die übernehmenden Redaktionen – ohne eigene Recherche – nicht offensichtlich erkennbar. Deshalb kommt der Presserat zum Schluss, dass den Online-Ausgaben von «Basler Zeitung», «Berner Zeitung» und «Thurgauer Zeitung» berufsethisch kein Vorwurf zu machen ist.

Résumé

Les collaborations inter rédactionnelles, notamment sur les sites Internet des médias, sont de plus en plus nombreuses. Le Conseil de la presse a donc saisi l’occasion d’une plainte identique contre plusieurs médias – trois sites Internet ont repris tel quel un article original du Tagesanzeiger – pour réaffirmer sa jurisprudence.

Chaque rédaction porte la responsabilité de tout ce qu’elle publie, y compris les contributions d’autres rédactions. Il convient donc de relire ces contributions extérieures avant publication, mais il serait complètement disproportionné d’exiger qu’on refasse l’enquête. Pour le Conseil de la presse, cela signifie qu’on peut seulement exiger de la rédaction «repreneuse» qu’elle élimine les violations flagrantes de la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes. Cette exigence minimale ne vaut toutefois que si l’origine de la contribution est clairement indiquée au public.

Dans le cas d’espèce, dans l’article d’origine, le Tagesanzeiger a contrevenu au chiffre 7 de la déclaration en nommant un Suisse désigné comme «roi du spam», alors que de mentionner le nom de son entreprise était suffisant (cf. prise de position 5/2011). Mais la violation n’étant pas évidente pour qui n’avait pas fait l’enquête, le Conseil de la presse estime que les éditions en ligne de la «Basler Zeitung», de la «Berner Zeitung» et de la «Thurgauer Zeitung» n’ont pas violé la Déclaration.

Riassunto

L’estensione all’online dello scambio di contenuti redazionali nel quadro di una cooperazione tra mass media non  modifica la disciplina invalsa da sempre. Lo sottolinea il Consiglio della stampa pronunciandosi contemporaneamente su tre reclami concernenti la ripresa da parte di tre siti online di un articolo apparso sul «Tages-Anzeiger».

Le redazioni sono responsabili per il contenuto delle rispettive pubblicazioni. Ciò vale anche nel caso in cui un servizio sia ripreso da un altro organo d‘informazione. Vale dunque, nel caso, il dovere della verifica. Sarebbe sproporzionato, tuttavia, pretendere che la redazione che riprende il servizio rifaccia la ricerca da capo. Secondo il Consiglio della stampa, il dovere di verifica sussiste solo quando si prospetti una evidente violazione della «Dichiarazione dei doveri e dei diritti del giornalista». E ciò solo nel caso in cui, dell’articolo ripreso, sia dichiarata l’origine e la responsabilità.

Nel caso all’esame del Consiglio, l’articolo originale del «Tages-Anzeiger» violava il codice professionale (cifra 7 della «Dichiarazione dei doveri») con la pubblicazione del nome di «uno dei più grandi ‹spammer› al mondo», mentre sarebbe bastato citare l’impresa (cf. Presa di posizione 5/2001). Tale violazione, tuttavia, i media che hanno ripreso la notizia avrebbero potuto constatarla solo con una seconda ricerca, e ciò ha indotto il Consiglio della stampa a concludere che da parte dei siti online della «Basler Zeitung», della «Berner Zeitung» e della «Thurgauer Zeitung» non vi è stata violazione della deontologia.

I. En fait

A. Le 22 mars 2010, le «Tages-Anzeiger» publie un article intitulé «Ein Genfer gehört zu den grössten Spammern» (Un Genevois parmi les plus grands spammeurs). Cet article est repris le même jour dans les éditions en ligne de la «Basler Zeitung», la «Berner Zeitung» et la «Thurgauer Zeitung», qui font partie du Newsnetz de Tamedia. Par ailleurs, «20 Minutes» et «Le Matin» reprennent l’information dans des articles propres. (Pour le contenu de ces articles, voir la prise de position 5/2011 du Conseil suisse de la presse.)

B. Le 10 mai 2010, par l’intermédiaire de son avocat, le spammeur concerné saisit le Conseil de la presse et émet six plaintes à l’encontre des six journaux. Les plaintes à l’encontre des éditions en ligne de la «Basler Zeitung», de la «Berner Zeitung» et de la «Thurgauer Zeitung» sont identiques à celle qui vise le «Tages-Anzeiger», dont l’article a été repris in extenso. (Pour le contenu de ces plaintes, voir la prise de position 5/2011 du Conseil suisse de la presse.)

C. La présidence du Conseil suisse de la presse renonce à solliciter les trois rédactions alémaniques qui se sont contentées de reprendre tel quel l’article du «Tages-Anzeiger à travers le Newsnetz de Tamedia. Il transmet les plaintes à la 2ème Chambre du Conseil suisse de la presse, composée de Dominique von Burg (président), Nadia Braendle, Michel Bührer, Pascal Fleury, Charles Ridoré, Anne Seydoux et Michel Zendali.

D. La 2ème Chambre du Conseil de la presse décide dans sa séance du 2 octobre 2010 de demander également aux trois journaux repreneurs de prendre position sur l’unique question de la protection de la personnalité: la mention du nom du spammeur ainsi que la reproduction de son portrait étaient-elles licites?

E. Dans leurs réponses, les trois journaux reprennent les arguments du «Tages-Anzeiger»: en publiant l’identité du spammeur, on n’a fait que reprendre des informations circulant déjà sur Internet et qui sont en relation avec l’activité professionnelle du plaignant. Est également invoqué un intérêt supérieur prépondérant – mettre en garde les usagers – pour justifier la mention du nom et la publication de la photo. Par ailleurs, la «Thurgauer Zeitung» et la «Berner Zeitung» font valoir qu’elles ne peuvent intervenir sur le contenu d’articles émanant du Newsnetz de Tamedia, sauf à signaler à la rédaction centrale une grave erreur.

F. Dans sa séance du 3 février 2011, la 2ème Chambre du Conseil de la presse décide de limiter une première prise de position aux plaintes contre le «Tages-Anzeiger», «20 Minutes» et «Le Matin». Concernant la plainte contre le «Tages-Anzeiger», la 2ème Chambre estime,
à la majorité, que le quotidien a violé le chiffre 7 de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste». La publication du nom et du portrait de X. n’était pas appropriée: ce dernier ne dirige pas une entreprise importante, et nommer cette dernière suffit à mettre en garde le public. En revanche, le «Tages-Anzeiger» n’a pas violé les chiffres 1 (vérité) et 3 (dénaturation des informations) de la «Déclaration».

Quant à la question de savoir si les trois titres qui ont repris tel quel l’article du «Tagesanzeiger» ont également contrevenu au chiffre 7 de la «Déclaration», la 2ème Chambre souhaite l’approfondir dans une prise de position ultérieure, tenant compte du fait que ces collaborations se généralisent.

G. Dans sa séance du 20 mai 2011, la 2ème Chambre du Conseil de la presse décide d’adresser un questionnaire à un certain nombre de rédactions. Il s’agit de savoir comment est réglée la question des responsabilités lors d’échanges rédactionnels. Quant aux reprises d’articles en ligne en particulier, il s’agit de savoir si les rédactions ont la possibilité technique de les modifier. Une délégation de la 2ème Chambre ainsi que le secrétaire se rendront par ailleurs à Zurich pour rencontrer le rédacteur en chef du Newsnetz de Tamedia.

H. La rencontre avec Peter Wälty, rédacteur en chef du Newsnetz, a lieu le 24 juin 2011 à Zurich. Pour Peter Wälty, les choses sont claires. Chaque rédaction porte la responsabilité des articles publiés sur son site. De plus, chaque rédaction a également la possibilité technique d’intervenir sur une contribution. Soit en ne la publiant pas, soit en la modifiant et en la signant elle-même. Il précise toutefois qu’il n’est pratiquement guère possible, pour les rédactions en ligne des différents titres, d’analyser chaque article d’un œil critique. Les rédactions font confiance au journaliste auteur de l’article d’origine. Ainsi, celui concernant le spammeur a-t-il été repris tel quel de la rédaction «papier» du «Tagesanzeiger» pour être disséminé sur le Newsnetz.

I. Entre juin et août 2011, dix rédactions répondent au questionnaire du Conseil de la presse: «Berner Zeitung», «Der Bund», «24 Heures», «Der Landbote», «La Liberté», «Neue Zürcher Zeitung», «St Galler Tagblatt», «Südostschweiz», «Thurgauer Zeitung» et «Tribune de Genève». Toutes revendiquent la responsabilité éditoriale des articles publiés sous leur titre. D’une manière générale, les articles provenant d’autres rédactions sont traités comme des papiers de correspondants. C’est-à-dire qu’on fait par principe confiance et qu’on ne les modifie pas si on les publie, si ce n’est pour les raccourcir en cas de besoin. Enfin, la possibilité technique de modifier les contributions «extérieures» en ligne existe partout – sauf dans les cas où l’alimentation du site se fait dans une rédaction centrale («Mantelredaktion»).

J. La deuxième Chambre traite une dernière fois des trois plaintes à l’encontre des éditions en ligne de la «Basler Zeitung», de la «Berner Zeitung» et de la «Thurgauer Zeitung» lors de ses séances du 23 septembre et du 3 novembre 2011. Enfin, le présent avis a été approuvé par l’assemblée plénière du Conseil de la presse du 23 novembre 2011.

II. Considérants

1. La question de savoir si l’article du «Tages-Anzeiger», repris tel quel par les trois autres journaux, violait le chiffre 7 de la «Déclaration» (vie privée) a déjà été tranchée dans la prise de position 5/2011 du Conseil de la presse. Cela signifie-t-il pour autant que les médias qui ont repris cet article tel quel ont également fauté?

2. Les rédactions sont responsables de tout ce qu’elles publient. Mais quand elles reprennent des articles journalistiques, ou des dépêches d’agences, et qu’elles en indiquent clairement l’origine à l’intention du public, il serait disproportionné d’exiger de leur part de refaire l’enquête pour vérifier toutes les assertions contenues dans l’article. Leur devoir de vérification, voire de correction, se limite aux violations flagrantes de la «Déclaration» (voir notamment les prises de position 14/2004 et 6/2011).

3. Dans le cas qui nous occupe, l’identification du «spammeur» était-elle une «violation flagrante», que les rédactions de la «Basler Zeitung», de la «Berner Zeitung» et de la «Thurgauer Zeitung» auraient dû corriger? Le Conseil de la presse estime que tel n’est pas le cas. Il fallait en particulier avoir fait l’enquête soi-même pour avoir conscience que le «spammeur» n’était pas à la tête d’une entreprise importante et donc que son rôle social était limité, ce qui impliquait qu’il ne devait pas être nommé. Les rédactions qui ont repris tel quel l’article du «Tagesanzeiger», et qui en ont clairement indiqué l’origine, n’ont donc pas violé la «Déclaration».

III. Conclusions

1. Les plaintes contre les éditions en ligne «Basler Zeitung», la «Berner Zeitung» et la «Thurgauer Zeitung», qui ont repris l’article du «Tagesanzeiger» intitulé «Ein Genfer gehört zu den grössten Spammern», sont rejetées.

2. Les éditions en ligne de la «Basler Zeitung», la «Berner Zeitung» et la «Thurgauer Zeitung» n’ont pas violé les chiffres 1 (vérité), 3 (dénaturation des informations) et
7 (identification) de la «Déclaration».

3. Les rédactions sont responsables de tout ce qu’elles publient, y compris les articles repris d’autres média. Mais dans ces derniers cas, pour autant qu’elles indiquent clairement l’origine de l’article, elles ne sont tenues d’intervenir qu’en cas de violation manifeste de la «Déclaration».