I. En fait
A. Dans son édition du 6 juillet 2006, «La Tribune de Genève» a publié à la page «Dialogue» sous la rubrique «L’Invité» une tribune libre de Hafid Ouardiri, porte-parole de la Mosquée de Genève avec le titre «Halte au coup d’Etat d’Israël!»
B. Le 7 juillet 2006, sous le titre «Cessez de nous prendre pour des imbéciles Monsieur Ouardiri», X. a adressé par e-mail au courrier des lecteurs de la «Tribune de Genève» une longue réponse à Hafid Ouardiri.
C. Le même jour, Jean-François Mabut, responsable des pages opinion-dialogue, lui a répondu: «Comme indiqué votre texte est assez long et nous obligerait à des coupures. En outre votre propos s’emploie à démonter les arguments de M. Ouardiri sans jamais cependant manifester le moindre effort de compréhension du discours de votre interlocuteur, ce qui ne facilite pas votre élection à la page Dialogue».
D. Le 9 août 2006, X. a répondu: «Je peux comprendre qu’on n’ait pas sélectionné mon texte vu la qualité des ceux que vous avez sélectionnés pour répondre à M. Ouardiri. Cependant, je suis surpris par votre motivation quant au refus de mon texte. Monsieur Ouardiri a utilisé des termes scandaleux indignes d’un porte-parole religieux. Il n’y a rien à comprendre dans son ‹discours›, il n’explique rien. En revanche, il insulte et il distille la haine. D’autre part vous reprochez mon ‹unilatéralité› mais que dire de son texte que vous n’avez pas hésité à publier? Force est de constater que ‹l’unilatéralité› est sélective à la ‹Tribune de Genève›.»
E. Le lendemain, Jean-François Mabut a répondu: «Je comprends votre réaction. Cependant il se trouve que M. Ouardiri assume une fonction politique très en vue ce qui donne à son ‹discours› même empreint d’outrances un poids particulier et une valeur d’information que nous nous devons de répercuter. Ce qui ne nous empêche pas ensuite d’animer le courrier des lecteurs selon des règles que nous dictent nos mœurs démocratiques et le respect des personnes.»
F. Après un échange d’e-mail ultérieur avec Jean-François Mabut, X. s’est adressé, par courrier du 1er septembre 2006 au Conseil suisse de la presse. Selon le plaignant Jean-François Mabut a censuré son opinion et a de ce fait violé la chiffre 2 de la «Déclaration des devoirs et des droits du / de la journaliste» (défendre la liberté du commentaire et de la critique) ainsi que son préambule.
G. Conformément à l’art. 9 al. 3 du règlement du Conseil suisse de la presse, la présidence doit refuser les plaintes manifestement infondées, ainsi que celles qui ne relèvent pas de la compétence du Conseil.
H. La présidence du Conseil suisse de la presse composée par Peter Studer (président), Sylvie Arsever et Esther Diener-Morscher (vice-présidentes) a liquidé la présente prise de position le 30 mars 2007 par voie de correspondance.
II. Considérant
Concernant le courrier des lecteurs, le Conseil suisse de la presse à régulièrement souligné que la publication des messages des lecteurs relève de la liberté rédactionnelle. Cela signifie aussi que, pas plus qu’un journaliste de la rédaction, un lecteur ne peut revendiquer un droit individuel à une publication (voir p. ex. les prises de position 19/1999, 5/2001, 31/2003, 40/2004, 33/2006). Du point de vue de la déontologie, «La Tribune de Genève» était donc libre de publier ou non la lettre du plaignant, voire de réaménager et raccourcir son texte. En outre, le fait de reproduire les opinions «outrancières» d’un personnage public et de canaliser ensuite la discussion dans le courrier des lecteurs «selon les règles que nous dictent nos mœurs démocratiques et le respect des personnes» ne relève pas de la censure et n’enfreint ni le chiffre 2 de la «Déclaration» (liberté du commentaire et de la critique) ni son préambule.
III. Conclusions
1. La plainte est rejetée.
2. «La Tribune de Genève» n’a violé ni le chiffre 2 de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste» ni son préambule.