Nr. 51/2018
Ne pas dénaturer ou supprimer d’éléments d’information essentiels

(Rugo c. «La Liberté»)

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I. En fait

A. Le 13 février 2018, «La Liberté» publie, sous la plume de Nicolas Maradan et Magalie Goumaz, une interview du candidat au Conseil d’Etat Claudio Rugo, fondateur du Parti des artistes. L’interview, qui remplit toute une page, porte en titre principal: «Je veux promouvoir l’immatériel».

B. Le 20 mars 2018, Claudio Rugo saisit le Conseil suisse de la Presse. Il estime en particulier que le chiffre 3 de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste» (ci-après, la «Déclaration») a été violé. Des éléments d’information auraient été supprimés et des textes dénaturés. Les journalistes auraient trompé «les lecteurs et lectrices, potentiellement électeurs et électrices, en me présentant encore et encore comme quelqu’un de négatif». A témoins, les questions ou remarques suivantes: «Isolé, vous avez peu d’influence au Conseil général de la ville de Fribourg. (…) Vous vous rendez compte que vous agacez vos collègues du Conseil général? (…) Avouez que vous n’avez pas vraiment le profil du rassembleur. (…) Vous n’êtes pas sans reproches. Vous avez été remis à l’ordre. Vous avez même été exclu d’une séance après une altercation.» Le plaignant conteste particulièrement ce dernier point, un recours ayant été déposé à la Préfecture. Claudio Rugo se plaint également que très peu de place ait été accordée à son programme.

C. Le 16 mai 2018, le rédacteur en chef de «La Liberté», Serge Gumy, prend position et estime la plainte totalement infondée. Tout d’abord, «La Liberté» a accordé pour l’essentiel un traitement proportionné au candidat du Parti des artistes. Ensuite, concernant l’interview du 13 février, les journalistes «ont porté la contradiction, comme le veut le genre de l’interview politique». L’interview, ajoute le rédacteur en chef, a été soumise au plaignant qui «a donné son feu vert après une deuxième relecture». Des copies de courriels jointes à la réponse de «La Liberté» en attestent.

D. Selon l’art. 13 alinéa 1 du règlement du Conseil suisse la presse, la présidence traite les plaintes qui, dans leurs éléments essentiels, concordent avec des cas déjà traités par le Conseil de la presse ou qui revêtent une importance mineure.
E. La présidence du Conseil suisse de la presse, composée de Dominique von Burg (président), Francesca Snider (vice-présidente) et de Max Trossmann (vice-président), a traité la présente prise de position le 5 décembre 2018 par voie de correspondance.

II. Considérants

1. La plaignant allègue pour l’essentiel que l’interview publié omettrait ou déformerait des éléments d’information. Mais les éléments de preuve qu’il administre ne convainquent pas le Conseil de la presse, cela d’autant moins qu’il a approuvé l’interview avant publication. D’ailleurs, à propos de son exclusion d’une séance du Conseil général, l’interview mentionne bel et bien que le dossier est toujours en mains du préfet de la Sarine. Le chiffre 3 de la «Déclaration» n’est donc pas violé.

2. Certes le plaignant peut avoir l’impression que la «Liberté» a mis l’accent sur des «aspects négatifs» de sa carrière politique, mais «La Liberté» fait valoir à juste titre qu’une telle interview préélectorale se doit d’être critique.

III. Consclusions

1. La plainte est rejetée.

2. En publiant l’interview intitulée «Je veux promouvoir l’immatériel», «La Liberté» n’a pas violé le chiffre 3 de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste».