Nr. 41/2017
Recherche de la vérité / Courrier des lecteurs

(X. c. «La Broye») Prise de position du Conseil suisse de la presse du 20 novembre 2017

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I. En fait

A. Le 2 mars 2017, «La Broye» publie une information selon laquelle le nombre de mouvements annuels de F/A-18 au-dessus de la région de Payerne devrait passer de 7000 à environ 7500 dès l’an prochain. Le journal ajoute que cela ne perturbe pas particulièrement l’«Association pour la sauvegarde des intérêts des communes broyardes».

B. Le 4 mars 2017, X. adresse à «La Broye» un texte destiné au courrier des lecteurs. Il traite les chiffres publiés de «farfelus», de «fake news», tout en rappelant que la syndique et députée locale «roucoulait parmi les gradés (…) lors de la sauterie organisée (…) pour faire croire aux Payernois que 600 postes de travail seraient créées en cas d’achat du Gripen».

C. Le 8 mars 2017, Danièle Pittet, directrice et rédactrice en chef de «La Broye», répond à M. X. que son courrier est «insultant pour les personnes que vous citez», et qu’il ne sera pas publié.

D. Le 16 mars 2017, «La Broye» publie un nouvel article faisant état cette fois d’une hausse de 1500 mouvements des F/A-18, chiffre communiqué officiellement par les Forces aériennes.

E. Le 22 mars 2017, X. saisit le Conseil suisse de la presse. Il accuse «La Broye» d’avoir publié le 2 mars 2017 «des chiffres mensongers et farfelus au sujet du nombre de nuisances consécutives au bruit insupportable généré par les engins bombardeurs supersoniques de l’armée suisse», et de n’avoir pas publié son «courrier rectificatif». Il suggère que «La Broye» publie un «mea culpa» dans une édition tout ménage, ou qu’elle «dénonce le service d’information des Forces aériennes qui l’a induite en erreur».

F. Le journal prend position le 12 mai 2017, sous la plume de Danièle Pittet. Elle réfute toute erreur concernant la véracité des chiffres. L’information du 2 mars 2017, faute de communication officielle, a été publiée au conditionnel, comme l’a fait d’ailleurs le quotidien fribourgeois «La Liberté». Pour ce qui est de la lettre de lecteur du plaignant, la rédactrice en chef précise que le journal a pour règle de ne pas publier de textes qui sont adressés à toutes les rédactions, pas plus que les courriers dont «les informations ne sont pas relevantes, voire fausses». Elle ajoute que le plaignant «nous inonde de courriers de lecteurs au sujet unique» et que le journal renonce souvent, mais pas toujours, à les publier.

G. Selon l’art. 13 alinéa 1 du règlement du Conseil suisse la presse, la présidence traite les plaintes qui, dans leurs éléments essentiels, concordent avec des cas déjà traités par le Conseil de la presse ou qui revêtent une importance mineure.

H. La présidence du Conseil suisse de la presse, composée de Dominique von Burg (président), Francesca Snider (vice-présidente) et de Max Trossmann (vice-président), a traité la présente prise de position le 20 novembre 2017 par voie de correspondance.

II. Considérants

1. Même s’il ne le dit pas formellement, le plaignant accuse «La Broye» de ne pas avoir respecté les chiffres 1 (recherche de la vérité) et 5 (lettres de lecteurs) de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste».

2. Pour de ce qui du devoir de rechercher la vérité, le Conseil de la presse ne voit pas en quoi «La Broye» aurait fauté en publiant le 2 mars 2017, au conditionnel, des chiffres qui n’étaient pas officiels, et en publiant les chiffes avérés dès qu’ils ont été connus. Fallait-il attendre le communiqué officiel? Vu l’importance de la question pour la région – à témoin l’existence de l’«Association pour la sauvegarde des intérêts des communes broyardes» – la publication des premiers chiffres se justifiait.

3. En ce qui concerne la lettre du plaignant non publiée, le Conseil de la presse a rappelé à de réitérées reprises qu’un journal est libre de publier ou non les lettres qui lui sont adressées. Un boycott systématique d’un lecteur n’est en revanche pas admissible, mais ce n’est pas le cas en cette occurrence.

4. Enfin, le Conseil de la presse rappelle qu’il n’a pas la compétence de donner des instructions, quelles qu’elles soient, aux rédactions.

III. Conclusions

1. La plainte est rejetée.

2. En publiant l’article «Vers davantage de vols de jets suite à la fermeture de Sion», «La Broye» n’a pas violé le chiffre 1 de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste».

3. En refusant de publier une lettre de lecteur, «La Broye» n’a pas violé le chiffre 5 de la même «Déclaration».