Nr. 1/1990
-91: Avis du président

(Photographies du corps d'Uwe Barschel), du 23 novembre 1990

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Stellungnahme

Bei Verletzung von Rechtsvorschriften ist in der Regel das Recht des Begehungsortes massgebend. Demgegenüber wird von Journalisten erwartet, dass sie sich an die berufsethischen Regeln ihres Landes halten. Die „Erklärung der Pflichten und Rechte der Journalisten” stimmt in den Grundsätzen mit dem Pressekodex 1979 des Deutschen Presserats überein. Der Präsident des Presserates schliesst sich bei seiner Stellungnahme im konkreten Fall im wesentlichen derjenigen des Deutschen Presserat aus dem Jahre 1987 an. Dieser verurteilte das Eindringen des Journalisten in das Hotelzimmer Barschels als unlauter, bejahte aber unter Verzicht auf Urteile über Geschmack und Stil der Darstellung grundsätzlich das überwiegende Informationsinteresse an einer einmaligen Veröffentlichung der Bilder. Der Präsident des Presserats macht darüber hinaus geltend, dass die dem Presserat auferlegte Wahrung des Ansehens des Berufsstandes nicht nur die Achtung der betroffenen Individuen, sondern auch die Verantwortung gegenüber der Öffentlichkeit umfasse, weshalb selbst eine einmalige Publikation in der Schweiz wohl zu Recht auf Ablehnung gestossen wäre.

Prise de position

En cas de violation d’une disposition légale, c’est en règle générale le droit du lieu de commission de l’infraction qui est applicable. Au contraire, on s’attend à ce que des journalistes respectent les règles d’éthique professionnelle en vigueur dans leur pays. La „Déclaration des devoirs et des droits des journalistes” coïncide, dans ses grandes lignes, avec le Code de la presse 1979 du Conseil de la Presse allemand. Le président du Conseil de la presse fait sienne pour l’essentiel, dans le présent cas, la position adoptée par le Conseil de la Presse allemand en 1987. Celui-ci a qualifié d’illicite l’irruption du journaliste dans la chambre d’hôtel qu’occupait Uwe Barschel. Non sans renoncer à porter un jugement sur le bon goût et le style de la présentation, il a reconnu en revanche, fondamentalement, l’intérêt prépondérant, du point de vue de l’information, qu’il y avait à publier une unique fois les photos prises à cette occasion. Le président du Conseil de la presse de la FSJ fait valoir en outre que la mission de défendre la dignité de la profession, qui a été donnée au Conseil de la presse, ne porte pas seulement sur la considération due aux personnes en cause. Elle s’étend aussi à la responsabilité de la profession vis à vis de l’opinion publique. C’est la raison pour laquelle une publication, même unique, de ces documents aurait, en Suisse, été rejetée à bon droit.

Presa di posizione

I. En Fait

A. A la demande de M. Jean-Noël Cuénod, rédacteur à la TRIBUNE DE GENEVE, le président du Conseil de la presse de la Fédération suisse des journalistes a examiné les règles d’éthique professionnelle applicables aux conditions de la prise de vue et de la publication des photographies du corps d’Uwe Barschel, trouvé mort dans sa baignore, chambre 317 de l’hôtel Beau-Rivage, le dimanche 11 octobre 1987.

II. Considérants

1. Alors que le droit applicable est évidemment celui du lieu où l’acte a été commis, on peut attendre qu’un journaliste respecte en priorité les règles éthiques en vigueur dans son propre pays. C’est ce que nous attendons des journalistes suisses en mission à l’étranger.

2. La comparaison entre la Déclaration des devoirs et des droits du journaliste, adoptée en 1972 par la Fédération suisse des journalistes, et le Pressekodex 1979 du Deutscher Presserat ne fait apparaître aucune différence sensible entre les principes fondamentaux.

Tous deux postulent:

– la primauté de la recherche de la vérité au service du public; – le respect de la sphère privée, pour autant qu’il n’y ait pas un intérêt public prédominant; – la condamnation des méthodes déloyales (unlautere Methoden).

3. Le Deutscher Presserat s’est prononcé en 1987 déjà sur la prise des photographies du corps d’Uwe Barschel et sur leur publication.

(Sur la méthode utilisée, il appartiendra au tribunal de dire si le fait d’ouvrir une porte de chambre d’hôtel non verrouillée, mais portant le signet „Ne pas déranger”, constitue en droit une violation de domicile).

4. Au niveau de l’éthique, le Deutscher Presserat considère que le reporter ne pouvait pas, dans ce cas concret, s’arroger le droit de faire irruption dans la chambre d’hôtel. Cela constitue à ses yeux une „méthode déloyale”:

Das eigenmächtige Eindringen von Reportern in das Hotelzimmer Barschels ist im konkreten Fall nicht zu rechtfertigen. Der Vorgang stellt einen Verstoss gegen Ziffer 4 des Pressekodex dar, der unlautere Methoden der Informationsbeschaffung verwirft.

5. Le Deutscher Presserat considère que la publication, une première fois, de la photo du corps d’Uwe Barschel, constitue un document d’histoire contemporaine et ne peut, à ce titre, être contestée. Pour parvenir à cette conclusion, il a procédé à la pesée des intérêts. Malgré l’atteinte à la sphère privée des survivants, l’intérêt de l’information était à son avis prédominant. Il renonce consciemment à juger la question du bon goût:

Auf Urteile über Geschmack und Stil einer Darstellung verzichtet der Presserat bewusst.

(On remarquera cependant que le Pressekodex allemand stipule clairement au chiffre 11 qu’on doit renoncer à la représentation disproportionnée de la violence et de la brutalité:

Auf eine unangemessen sensationelle Darstellung von Gewalt und Brutalität soll verzichtet werden.)

Le STERN ayant publié une seconde fois la photo du corps d’Uwe Barschel dans sa baignoire, le Deutscher Presserat a estimé que cette seconde publication ne se justifiait pas sous l’angle de l’information due au public, et qu’elle portait une atteinte injustifiée à la sphère privée des survivants: Die zweite Veröffentlichung des selben Motivs nach einer Woche hatte dagegen einen unbedeutenden Informationsgehalt, der den Eingriff in die Belange der Hinterbliebenen nicht mehr rechtfertigen konnte.

III. Conclusions

Pour ces motifs le président du Conseil de la presse constate que:

Les normes étant semblables, les conlusions ne peuvent être très différentes.

Même sans connaître avec exactitude le déroulement des événement, on peut constater que le „vertige du scoop” a entraîné le photographe de STERN et sa rédaction dans un comportement indéfendable.

Le Conseil de la presse de la FSJ se garde également de se prononcer sur le bon ou le mauvais goût des publications qui lui sont soumises. Toutefois „la dignité de la profession”, dont il a la garde, postule le respect non seulement des individus, mais du public auquel on s’adresse. Sous cet angle, même la première publication de la photo du corps d’Uwe Barschel aurait vraisemblablement provoqué en Suisse une révulsion justifiée. Son utilisation commerciale jusque sur des T-shirts constitue un sommet d’abjection.