Nr. 43/2022
Vérité / Protection de la vie privée

(X. c. «Walliser Bote»)

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I. En fait

A. Le 11 août 2021, le «Walliser Bote», sous la plume de Nathalie Benelli, publie un article intitulé «C-Parteien-Koordinator klemmt bei Alimentenzahlung». Cet article fait suite à une réquisition de poursuite déposée contre un député démocrate-chrétien par son ex-épouse, du fait que ce dernier ne verse depuis le début de l’année plus que 800 francs de pension mensuelle à la mère de son plus jeune enfant, plutôt que les 2600 francs auxquels il s’était engagé en juin 2017. Le député avait initié une procédure urgente de réduction de la pension au tribunal de Sierre au début 2021. En effet, ayant perdu la présidence de la commune de Grône, il n’était plus en état de verser le montant prévu. L’article donne aussi la parole à l’avocat du député, qui fait valoir que le tribunal a refusé l’urgence mais ne s’est pas encore prononcé sur la demande de son client. De plus, l’ex-épouse n’étant pas venue à l’audience, il n’aurait pas été possible de discuter. Dans un encadré, la journaliste détaille les fonctions du politicien, notamment coordonnateur des trois groupes démocrates-chrétiens du Grand Conseil, elle relève que le PDC a toujours mis en avant la défense de la famille.

B. Le 20 septembre 2021, X. saisit le Conseil suisse de la presse. Elle fait valoir qu’il n’y avait aucun intérêt public à relater ces faits, dans la mesure où ils n’ont aucun lien avec le mandat politique du député. De plus, la procédure concerne la pension alimentaire d’un enfant mineur qui doit faire l’objet d’une protection particulière. La plaignante fait remarquer en outre que la politique du PDC n’est pas en contradiction avec les procédures de droit de la famille. Pour la plaignante, le «Walliser Bote» a violé les chiffres 1 (recherche de la vérité) et 7 (protection de la vie privée) de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste» (ci-après «Déclaration»).

C. Le 16 novembre 2021, le «Walliser Bote» prend position, sous la plume de Herold Bieler, directeur des publications. Il fait valoir que la journaliste a mené son enquête auprès de toutes les parties. En particulier elle a soumis l’article à l’avocat du député, qui l’a autorisé. Certains passages auraient d’ailleurs été supprimés suite à cet entretien. Il rejette les accusations de la plaignante: l’article correspond à la vérité et il respecte de manière correcte la vie privée des personnes, dans la mesure où le député dont il est question est parmi les plus connus du canton, et donc un personnage public.

D. Selon l’art. 13 alinéa 1 du règlement du Conseil suisse la presse, la présidence traite les plaintes qui, dans leurs éléments essentiels, concordent avec des cas déjà traités par le Conseil de la presse ou qui revêtent une importance mineure.

E. La présidence du Conseil suisse de la presse, composée de Susan Boos (présidente), Annik Dubied (vice-présidente), Jan Grüebler (vice-président) et Ursina Wey, directrice, a traité la présente prise de position le 9 novembre 2022 par voie de correspondance.

II. Considérants

1. Le Conseil de la presse constate que l’enquête a été menée dans les règles de l’art, et que l’avocat ne s’est visiblement pas opposé à la publication de l’article. Le chiffre 1 (recherche de la vérité) de la «Déclaration» n’est donc pas violé, d’autant moins que la plainte n’indique pas comment cela aurait été le cas.

2. Le nom du député pouvait-il être mentionné sans violer la vie privée? Pour le Conseil de la presse, il ne fait pas de doute que le député, un des plus importants du canton, est un personnage public. Quant à la question des pensions alimentaires, elle constitue certainement un thème de la politique familiale aux yeux du PDC. L’identification était donc justifiée. Quant aux autres personnes concernées par l’article, en particulier la mère et l’enfant, aucune indication qui permettrait de les identifier au-delà d’un cercle restreint ne figure dans l’article. Le chiffre 7 (protection de la vie privée) de la «Déclaration» n’est pas violé.

III. Conclusions

1. La plainte est rejetée.

2. En publiant l’article intitulé «C-Parteien-Koordinator klemmt bei Alimentenzahlung», le «Walliser Bote» n’a pas violé les chiffres 1 (recherche de la vérité) et 7 (protection de la vie privée) de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste».