Zusammenfassung
Der Schweizer Presserat hat eine Beschwerde von François Girardin gegen «24 Heures» abgewiesen. Letzterer kritisierte einen am 13. Juni 2019 veröffentlichten Artikel wegen Verstosses gegen Ziffer 7 (Achtung der Privatsphäre des Einzelnen, sofern das öffentliche Interesse nicht das Gegenteil verlangt) der «Erklärung der Pflichten und Rechte der Journalistinnen und Journalisten». François Girardin ist der Bruder von Lionel Girardin, Gemeinderat von Vevey. Dieser ist derzeit von seinen Funktionen suspendiert und es läuft eine strafrechtliche Untersuchung wegen unlauterer Verwendung öffentlicher Gelder. Als Präsident der Apollo-Stiftung soll er Mandate an Familienmitglieder vergeben haben. Der Artikel berichtet über die Gründung der Brother Beer Company Girardin & Co durch die beiden Männer.
François Girardin reichte beim Schweizer Presserat eine Beschwerde ein, weil der Artikel ihn namentlich nennt, obwohl er, wie er sagt, keine Persönlichkeit des öffentlichen Lebens ist. Die Journalistin erwähnt, dass François Girardin eine Computerfirma leitet, die im Auftrag der Apollo-Stiftung, deren Vorsitz Lionel Girardin hatte, tätig war.
Der Presserat weist die Beschwerde ab, weil die namentlich genannte Person in Bezug auf das Thema des Medienberichts öffentlich auftritt. Indem sie ihre Brauerei Brother Beer Company Girardin & Co nannten, haben sich François und Lionel Girardin implizit bereit erklärt, für alles, was dieses Unternehmen betrifft, öffentlich in Erscheinung zu treten. Und im Zusammenhang mit ihrem Artikel ist es völlig normal, dass die Journalistin die Episode der Apollo-Stiftung in Erinnerung ruft, die zur Suspendierung von Lionel Girardin führte, und dass sie erwähnt, dass das betreffende Computerunternehmen von dessen Bruder François Girardin geleitet wird.
Résumé
Le Conseil suisse de la presse a rejeté une plainte de François Girardin contre «24 Heures». Ce dernier reproche à un article paru le 13 juin 2019 de violer le chiffre 7 (respecter la vie privée des personnes, pour autant que l’intérêt public n’exige pas le contraire) de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste». François Girardin est le frère de Lionel Girardin, municipal de la commune de Vevey, actuellement suspendu dans ses fonctions car sous le coup d’une enquête pénale pour gestion déloyale des intérêts publics. En tant que président de la fondation Apollo, il aurait attribué des mandats à des membres de sa famille. L’article évoque la création, par les deux hommes, de la brasserie artisanale Brother Beer Company Girardin & Co.
François Girardin a déposé une plainte auprès du Conseil suisse de la presse car l’article le désigne nommément alors que, dit-il, il n’est pas une personnalité publique. La journaliste mentionne que François Girardin dirige une société informatique, «qui avait été engagée pour gérer cet aspect à la Fondation Apollo, que Lionel Girardin présidait».
La plainte est rejetée car, en l’espèce, la personne concernée apparaît publiquement en rapport avec l’objet de la relation médiatique. En appelant leur brasserie artisanale Brother Beer Company Girardin & Co, François et Lionel Girardin sont implicitement d’accord d’apparaître publiquement pour tout ce qui concerne cette société. Et dans le cadre de son article, il est parfaitement normal que la journaliste rappelle l’épisode de la Fondation Apollo qui a conduit à la suspension de Lionel Girardin, et par là qu’elle précise que la société informatique en question est dirigée par son frère François Girardin.
Riassunto
Il Consiglio della stampa ha respinto un reclamo presentato da François Girardin contro il quotidiano «24 Heures», cui egli rimprovera, in un articolo pubblicato il 13 giugno 2019, la menzione del suo nome. Sarebbe violata la Cifra 7 della «Dichiarazione dei doveri e dei diritti del giornalista»: «Il giornalista rispetta la vita privata delle persone, quando l’interesse pubblico non esiga il contrario». François Girardin è fratello di Lionel Girardin, municipale del comune di Vevey, attualmente sospeso dalle sue funzioni in seguito a un’inchiesta penale aperta su di lui per gestione sleale dell’interesse pubblico: in sostanza con l’accusa di aver affidato dei mandati a membri della sua famiglia, in particolare nel caso della Fondazione Apollo da lui presieduta.
L’articolo tratta in realtà di un’altra fattispecie: la costituzione, da parte dei fratelli Girardin, della birreria artigianale «Brother Beer Company Giradin & Co.». La giornalista riferiva che uno dei due, François, è il direttore della società informatica implicata nel caso della Fondazione Apollo. Nel reclamo si obietta che il nome non doveva essere citato in quanto François non è «una personalità pubblica».
Il reclamo è stato respinto perché la persona citata appare chiaramente in rapporto con l’oggetto dell’articolo. Assegnando alla loro birreria artigianale la ragione sociale «Brother Beer Company Girardin e Co.» i fratelli Girardin accettavano implicitamente di apparire in pubblico con il loro nome. Ed era normale che la giornalista, nel corso dell’articolo, ricordasse l’episodio della Fondazione Apollo che aveva condotto alla sospensione di Lionel Girardin, precisando che la società informatica in causa era diretta dal fratello. La citazione del nome era dunque – secondo il Consiglio della stampa – giustificata.
I. En fait
A. Le 13 juin 2019, «24 Heures» publie un article intitulé «Lionel Girardin va monter sa brasserie artisanale», signé par la journaliste Stéphanie Arboit. Celui-ci relate que Lionel Girardin, municipal de la commune de Vevey, actuellement suspendu de ses fonctions car sous le coup d’une enquête pénale pour gestion déloyale d’intérêt public, va créer sa propre brasserie artisanale. A cet effet, il vient d’inscrire au registre du commerce la société Brother Beer Company Girardin & Co, dont les deux associés sont son frère François Girardin et lui-même. L’article indique que François Girardin dirige une société informatique, «qui avait été engagée pour gérer cet aspect à la Fondation Apollo, que Lionel Girardin présidait». Il précise que les deux hommes «n’étaient pas joignables», tandis que l’avocat de Lionel Giradin n’a pas souhaité répondre aux questions de la journaliste. Cette dernière précise que le salaire du municipal est payé pendant sa suspension. Elle interroge enfin des personnalités politiques veveysannes sur la nouvelle activité du municipal suspendu, qui en prennent acte, ainsi qu’un autre brasseur local, qui voit plutôt d’un bon œil l’ouverture d’une nouvelle brasserie dans la région.
B. Le 20 juin 2019, François Girardin dépose une plainte contre «24 Heures» au Conseil suisse de la presse. Il estime que l’article publié le 13 juin viole la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste» (ci-après la «Déclaration») sur un de ses points. Selon lui, le chiffre 7 (respecter la vie privée des personnes, pour autant que l’intérêt public n’exige pas le contraire) est violé car l’article le nomme alors qu’il n’est pas une personnalité publique. Selon lui, le fait de le désigner nominativement est contraire à la directive 7.2 de la «Déclaration», laquelle a trait à l’«Identification». François Girardin rappelle qu’il n’a pas donné son accord à la publication de son nom et qu’il n’exerce pas de mandat public. Il estime ne pas être en rapport avec l’objet de la relation médiatique, ne pas jouir d’une grande notoriété qui justifierait la publication de son nom, et que cette dernière n’est pas nécessaire pour éviter une confusion préjudiciable à des tiers. Il est enfin d’avis qu’il n’existe aucun intérêt public prépondérant justifiant la publication de son nom, d’autant plus que l’article rappelle qu’il dirige une société informatique qui a travaillé pour le compte de la société Apollo, laquelle, vu le battage médiatique important, est désormais indissolublement liée à des prétendues malversations qui auraient été commises par son frère Lionel Girardin. Pour ces raisons, selon lui, la protection de sa vie privée l’emporte sur l’intérêt public à l’identifier.
C. Le 8 août 2019, Claude Ansermoz, rédacteur en chef de «24 Heures», prend position. Il rejette l’accusation concernant une quelconque violation de la «Déclaration». Selon lui, le chiffre 7 n’est pas violé, car, en inscrivant la société Brother Beer Company Girardin & Co au registre du commerce, François Girardin a de facto rendu son nom public. En effet, selon Claude Ansermoz, une telle inscription fait l’objet d’une grande publicité. Outre la consultation en ligne, les nouvelles inscriptions sont publiées dans la Feuille officielle suisse du commerce et dans la Feuille des avis officiels du canton de Vaud, argumente-t-il. Aussi le plaignant s’est-il volontairement rendu identifiable aux yeux de tous avant même que «24 Heures» n’ait publié l’article en question, poursuit-il. Etant donné le grand intérêt public suscité par l’affaire de la fondation Apollo et la suspension de son frère de son poste de municipal, il était évident que la création d’une brasserie artisanale par les frères Girardin intéresserait les médias. Et comme il est usuel de nommer les propriétaires d’une nouvelle société dans la presse, il est normal que «24 Heures» ait publié le nom de François Girardin, conclut en substance le rédacteur en chef.
D. La présidence du Conseil suisse de la presse confie le traitement de la plainte à sa 2e Chambre, composée de Dominique von Burg (président), Sonia Arnal, Michel Bührer, Annik Dubied, Denis Masmejan, François Mauron et Mélanie Pitteloud.
E. La 2e Chambre traite la plainte dans sa séance du 30 août 2019, ainsi que par voie de correspondance.
II. Considérants
1. Pour le Conseil suisse de la presse, l’intérêt public de l’article consacré à la création de la brasserie est évident. La suspension de Lionel Girardin de sa fonction de municipal à Vevey, en lien avec l’affaire de la fondation Apollo, a fait grand bruit dans la presse romande. Dans ce contexte, il est d’un indéniable intérêt public de savoir que le municipal suspendu a créé cette nouvelle société.
2. Fallait-il pour autant mentionner le nom de l’associé de Lionel Girardin, de son frère François? L’inscription au registre du commerce du nom des deux associés ne constituerait pas une justification suffisante. Comme le Conseil de la presse l’a dit notamment dans sa prise de position 36/2017, une telle inscription étant une obligation légale, elle ne saurait être interprétée comme une volonté de rendre son nom public.
3. Cependant, le chiffre 7.2 des directives relatives à la «Déclaration» – qui stipule que l’identification est admissible notamment si la personne concernée apparaît publiquement en relation avec l’objet de l’article – s’applique pour une autre raison. En appelant leur brasserie artisanale Brother Beer Company Girardin & Co, François et Lionel Girardin sont implicitement d’accord d’apparaître publiquement pour tout ce qui concerne cette société.
4. Enfin, il est parfaitement normal pour le Conseil de la presse que la journaliste rappelle l’épisode de la Fondation Apollo qui a conduit à la suspension de Lionel Girardin, et qu’elle précise que la société informatique du plaignant avait collaboré à la gestion de la Fondation en question et est dirigée par son frère François Girardin.
III. Conclusions
1. La plainte est rejetée.
2. En mentionnant le nom des deux associés de la brasserie artisanale Brother Beer Company Girardin & Co et en rappelant le lien des deux frères dans l’affaire de la Fondation Apollo, «24 Heures» n’a pas violé le chiffre 7 de la «Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste».